Depuis quelques jours mes doigts me démangent, mes phalanges rouillés grincent d'ennui, et mes ongles trépignent d'impatience : « pfff...Ces vacances s'éternisent... »
-Moi : « Oui, oui, oui, je vous comprends, mais voyez vous, j'ai un sérieux problème, j'ai égaré mon sac de mots. »
- Mes doigts : « Comment ? »
- Moi : « Oui,vous avez bien entendu, j'ai perdu mes mots ! Ce sont des choses qui arrivent ! »
Alors, je me suis mise à la recherche de mes mots, j'ai cru un moment qu'ils étaient simplement perchés sur le bout de ma langue. Il peut arriver parfois de retourner toute la maison du réfrigérateur au placard à chaussures à la recherche d'un sac de mots et s'apercevoir au final que les mots étaient simplement là, sous notre nez, collés au bout de la langue.
Mais là, j'ai bien regardé partout, dessus, dessous, dedans, dehors, rien au bout de ma langue, rien de rien, pas même une ébauche rime.
Nullement découragée, j'ai poursuivi ma quête, je me suis lancée sur leurs traces...
Pas facile, ils étaient partis dans tout les sens, brouillant les pistes, dansant des rondes calligraphiques colorées, se plaisant à raturer des pages entières. J'ai pisté leurs empreintes jusqu'au fleuve encre noir en suivant un chemin crayonné de mots bleus . Je me suis arrêté là, au croisement, près d'un vieux pont de bois vermoulu. J'ai observé longuement le sol, quelque chose c'était produit ici : la terre semblait noircie, il flottait une âcre odeur de brulé, des poussières de cendre me piquaient les yeux et m'enserraient la gorge. C'est ici que les mots semblaient avoir volés en éclat . Et Le Vent me souffla à l'oreille qu'il en avait semé en des lieux à la ronde :
Sur la plage, où des mots salés se seraient nichés au creux de vagues d'émotions.
Dans les nuages où des mots cotons, en quête de douceur, auraient trouvé refuge.
Et même jusqu'au fond de la forêt où des mots qui n'étaient plus que l'ombre d'eux même, se seraient laissé prendre dans la toile d'une sombre dame araignée.
Mais il ne me dit rien de mon étoile secrète. J'avais espéré que dans le souffle de cette explosion un de mes mots l'aurait approché ne serait-ce que d'un cil. Mais qu'est-ce qu'un mot lorsqu'on a la lumière.
Je finis par tomber, épuisée, mais apaisée. Cette course, était enfin terminée. J'avais perdu tous mes mots, et mon inspiration envolée, je ne savais plus comment nourrir ce blog .
Il me restait une dernière carte, un joker : Minouch
Minouch est mon intrépide chatte-guerrière-amazone qui a suivi un entrainement très pointu en matière de chasse aux mots comme l'atteste la photo suivante :
Et vous avez raison ! : Elle dort ...
Mais surtout,elle rêve...
Elle rêve, et au pays des rêves de Minouch, les mots n'existent pas.
Ses muses sont essences de mots qui n'ont pas encore pris corps.
Fluides et légères, elles vous enveloppent, vous pénètrent et vous caressent la pointe de l'âme.
(Cela explique pourquoi les chats passent autant de temps à dormir, et pourquoi ils sont dotés d'une si grande sensualité …)
Et Minouch m'a murmuré du bout de sa moustache :
« Ne perds pas ton temps à chercher ton sac de mots.
Ne perds pas ton temps à pleurer tes rêves perdus.
L'enfant qui ne voit jamais le jour ne meurt pas.
Pourquoi regretter une finalité qui rime avec finitude ?
Poses toi.
Vois comme tes rêves perdus nourrissent le silence.
Poses toi.
Ne sens tu pas déjà poindre en ton cœur les germes de l'Amour ?
Poses toi.
Entends tu qu'en le ciel délavé par tes larmes, tinte la mélodie du rire des enfants ? »
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