dimanche 14 octobre 2012

Faire sans cesse l'effort ... Bobin

Faire sans cesse l'effort de penser à qui est devant toi, lui porter une attention réelle, soutenue, ne pas oublier une seconde que celui ou celle avec qui tu parles vient d'ailleurs, que ses goûts, ses pensées et ses gestes ont été façonnés par une longue histoire, peuplée de beaucoup de choses et d'autres gens que tu ne connaîtras jamais. Te rappeler sans arrêt que celui  ou celle que tu regardes ne te doit rien, ce n'est pas une partie de ton monde, il n'y a personne dans ton monde, pas même toi. Cet exercice mental - qui mobilise la pensée et aussi l'imagination - est un peu austère, mais il te conduit à la plus grande jouissance qui soit : aimer celui ou celle qui est devant toi, l'aimer d'être ce qu'il est, une énigme - Et non pas d'être ce que tu crois, ce que tu crains, ce que tu espères, ce que tu attends, ce que tu cherches, ce que tu veux.

Christian Bobin - Autoportrait au radiateur.

4 commentaires:

  1. Bonjour Plume bleue,
    Merci pour cet extrait du livre de Christian Bobin. Je découvre ce poète depuis peu avec le livre "La lumière du monde". Il est bon de prendre son temps afin de bien savourer le sens profond des textes de cet écrivain.

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    1. Merci pour votre commentaire,une juste remarque d'autant la phrase qui précède l'extrait cité plus haut est précisément à propos de la lenteur... ;-)

      "Lenteur, parfaite lectrice.

      La mort est dans la précipitation comme chez elle. La lenteur, en revanche, la surprend, la déconcerte. L'homme pressé et l'homme lent mourront tous les deux, oui, mais l'homme lent aura à cet instant parcouru une bien plus grande distance que l'homme pressé."

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  2. Merci pour cet intéressant complément!

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  3. j'aime aussi beaucoup ce deuxième extrait au sujet de la lenteur.
    Merci à toi et gros bisous ! bonne après midi !

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